Poets and the Algerian War
Francis Combes
Price: £7.99
edited by Francis Combes
translated by Alan Dent
The Algerian War of Independence (1954-62) was one of the bloodiest post-1945 liberation struggles. Characterised by civilian massacres and the widespread use of torture, it led to the death and displacement of two million people. It was also the first major conflict since the Spanish Civil War to mobilize a generation of writers and artists to protest against the conduct of the war, most notably in Franz Fanon’s The Wretched of the Earth and Gillo Pontecorvo’s The Battle of Algiers. In 1960 many of France’s leading writers and intellectuals – including Simon de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, André Breton, Pierre Boulez, François Truffaut and Marguerite Duras – signed Le Manifeste des 121, calling on the French government to renounce the use of orture in Algeria. Many writers found themselves on the front-line. The Algerian writer Mouloud Feraoun was assassinated by the OAS in 1962. They tried, unsuccessfully, to kill Madeleine Riffaud, who reported on the war for L’Humanité. There were two attempts on Sartre’s life.
This anthology features some of the French poets who opposed the war, including Louis Aragon, Jacques Gaucheron, Madeleine Riffaud, Pierre Seghers, Henri Deluy and Guillevic, as well as Algerian poets like Jean Sénac, Kateb Yacine, Bachir Hadj Ali, Noureddine Aba, Messaour Boulanouar, Mohammed Dib, Omar El Bernaoui and Mohamed Saleh Baouiya. It also includes a remarkable series of poems written in memory of Maurice Audin, a young university lecturer and member of the Algerian Communist Party who was murdered by the French authorities. These poets are important, not only as historical witnesses to a terrible war. They remind us of the possibilities and of the responsibilities of poetry in our own times. As Francis Combes argues in his introduction to this book, ‘Ils disent que les poètes ne sont pas restés silencieux. Parfois, ils disent même beaucoup plus…’
J’écris pour que la vie soit respectée par tous Je donne ma lumière à ceux que l’ombre étouffe Ceux qui vaincront la honte et la vermine J’écris pour l’homme en peine l’homme aveugle L’homme fermé par la tristesse L’homme fermé à la splendeur du jour J’écris pour vous ouvrir à la douceur de vivre J’écris pour tous ceux qui ont pu sauver De l’ombre et du commun naufrage Un coin secret pour leur étoile Un clair hublot dans les nuages J’écris pour la lumière qui s’impose Pour le bonheur qui se révèle J’écris pour m’accomplir au coeur de mes semblables Pour que fleurisse en nous le désert froid du mal J’écris pour que la terre m’appartienne Chaude tendre et joyeuse J’écris pour apaiser mon sang Mon sang violent et dur et lourd de siècles tristes J’écris pour partager ma joie Avec ceux qui m’écoutent J’écris pour être heureux pour être libre Pour tous les hommes vrais Qui comprennent mes cris ma peine et mon espoir J’écris pour éveiller l’azur Au fond des yeux malades Au fond des vieux étangs de honte J’écris pour qu’on défende Pour qu’on respecte L’arbre qui monte Le blé qui pousse L’herbe au désert L’espoir des hommes Messaour Boulanouar
I write so that life can be respected by all I give my light to those suffocated by shadow Those who will triumph over shame and vermin I write for the man in pain the blind man The man closed in by sadness The man hidden from the day’s splendour I write to reveal the sweetness of life to you I write for all those who have been able to save From shadow and from the collective shipwreck A secret corner for their star A port-hole in the clouds I write for the light which is indispensable For the happiness which shows itself I write to realise myself in the heart of my fellows So the cold desert of evil within us might come to flower I write so the earth might belong to me Warm tender and joyful I write to quieten my blood My violent hard and heavy blood of sad centuries I write to share my joy With those who listen to me I write to be happy to be free For all true men Who understand my cries my pain and my hope I write to awaken the azur In the depths of sick eyes In the depths of old ponds of hatred I write so we might defend So we might respect The tree which rises The corn which grows The grass in the desert The hope of men Messaour Boulanouar
Le ciel se froisse sur Paris, comme un mouchoir; Le jour quitta les rues, quand un flic a tiré. Il pleuvait, lentement, place de Stalingrad, Mais la pluie n’était rien, sous le soleil des cris, Il pleuvait lentement quand un flic a tiré, Quand Hocine a pâli, quand Hocine est tombé. En ce soir de victoire, il nous faut regarder, Droit dans les yeux, le sang; tout le sang répandu, Le sang, le sang, le sang ne nous rend pas aveugles, Car l’homme de demain dépasse l’épouvante; Et le froid peut entrer, frère, sous la peau brune, Dans ton coeur victorieux la vie chante toujours: Le défi à la mort illumine nos hymnes! Un camarade est mort. Tremblez dogues-ministres Gardes-chiourme engraissés par la chair que calcine Le napalm inondant de feu le Viet-Nam libre! Tremblez robots-bourreaux! Vous qui tintez si bien, Quand dans vos têtes-tronc, le Yankee met sa pièce. Le meurtre restera. Poings, souvenirs et larmes. Nul n’oubliera jamais. Assassins vous paierez, Vous paierez la pâleur d’Hocine assassiné, La neige rouge aux lèvres, les yeux retournés, Les sanglots des enfants… Canailles! vous paierez. Le caillot de son coeur tâchera votre ciel. Le poids de son corps froid écrasera vos rêves. Terre aux cheveux de feu, dépeignés par le crime, Monde nocturne pris aux rets des parasites, Que se taisent soudain les radios d’insomnie Un prolétaire est mort, abattu par les flics! De Bougie, de Guelma, d’Oran au Sud brûlé, Sur leurs couches de fric, de kif et de démence, Les colons, leurs bouffons, leurs valets et leurs sbires, Enivrés par le vin qu’à la terre ils imposent, Suffoqués par l’odeur de la sueur sacrifiée, Retroussent en gloussant, leurs babines de hyènes. L’empereur du phosphate et le roi de l’alfa Volent que l’on pense à eux aux Compteurs de Montrouge. Le même coffre-fort étouffe nos amours, Mohamed de Sétif et Jean de Saint-Denis. On tue un Algérien pour mieux vendre la France. Ce sang qui fait flamber les pavés sous la pluie, Nourrit aussi les lueurs du néon de Broadway, Ta peur féroce de la paix, monde incurable, Soumet au Dieu Dollar, le Moloch colonial. Les chômeurs que l’espoir de manger expatrie, Portent, plaie dans leur chair, la chaîne impérialiste. Ils sont venus trompés, devenus marchandises; Le cargo cahotait dans l’écume enchaînée, Et les os, sous leurs yeux, saillaient, comme l’Aurès Sous la terre épuisée que gratte en vain leur père. Ils sont venus trompés, un trafiquant d’espoir, Achetant pour cent francs une poignée de muscles, Avait fait miroiter à leurs yeux affamés Un Paris de pain blanc, une chemise blanche… La Méditerranée – mourante – les traîna Jusqu’au quais gangrenés de quelque port de pègre. Soleil sur les rochers, tournant, fouet minéral, Astre cravaché, chômage, ignorance, Eclipse du sang, du rire et de l’air – Ils t’ont fui mais voilà que la neige nocturne S’empare de leurs coeurs inconnus et troqués. Les pavés, aux clartés saccagées par la boue, Alourdissent la nuit des pauvres gens. Mon frère A la peau de soleil, Ahmed ou toi, Kadour, Tu lances vainement tes mots tissés de siècles Ta phrase où le Simoum lève l’aile des verbes. Grillage des égouts, tôle des pissotières; Tout te devient prison, partout un commissaire Te poursuit; et tu n’as qu’un mètre cube d’air Pour avoir faim la nuit, rêvant à la fontaine Où ton plus jeune enfant mire ses yeux rongés, Rongés par le trachôme, Ahmed, ou toi, Kadour, Dans la chambre d’hôtel vingt hommes nus s’entassent: Dix manoeuvres le jour, dix manoeuvres la nuit. Sous le métro qui geint – comète mécanique – Jetant dans le canal de pâles poignées d’ombres, Stalingrad – Jean Jaurès respire étrangement. Hocine assassiné, la police est partie… Et de longs groupes d’hommes, parlant à voix basse, Passent, avec d’immenses drapeaux dans les yeux. Ahmed et Mohamed sont là – et mille et mille, De leurs frères unis aux meilleurs de la France. Hocine n’est pas mort d’une balle perdue! Et Kadour de Sétif, et Jean-Louis de Saint-Denis, Les affamés, les avilis, les écrasés, Par la faim, la douleur, l’injustice, l’opium Relèvent leur grand front où les rides dessinent Vos visages, patries qu’on a défigurées! Des lourds limons du Gange aux sables d’Agadir, Et à Paris ce soir, l’homme fait sortir l’aube Des banques où l’avaient enfermée les pillards. La Bourse baisse, et la folie du bourreau monte, Quand il sent déferler sur ses tempes de pierre Un milliard de pieds nus qui brisent leurs entraves, Un milliard d’yeux mûris au soleil stalinien, D’yeux fixés sur la lutte du printemps chinois Où pousse un chrysanthème énorme: le bonheur Alain Guérin
The sky crumples like a handkerchief over Paris; Day was leaving the streets, when a cop fired. It was raining, slowly, on Stalingrad Square, But the rain was nothing, beneath the sun of cries, It was raining slowly when a cop fired, When Hocine went pale, when Hocine fell. On this evening of victory, we must look Blood full in the eyes; all the spilled blood, Blood, blood, blood doesn’t make us blind, Because tomorrow’s man goes beyond terror; And cold can enter, brother, under brown skin, In your victorious heart life still sings: The defiance of death brightens our hymns! A comrade is dead. Tremble watchdog ministers Galley-masters fattened by roasted flesh Napalm flooding with fire free Vietnam! Tremble robot executioners! You who sound so nicely When the Yankee slips his coin into your wooden heads. Murder will remain. Fists, memories and tears. No one will ever forget. You will pay, assassins You will pay for the paleness of the murdered Hocine. Red snow around his lips, his eyes upturned The sobbing of children... Dogs! You will pay. The pebble of his heart will stain your sky. The weight of his cold body will crush your dreams. Land with hair aflame, ruffled by crime, Nighttime world caught in the nets of parasites, Let the insomniac radios fall silent A worker is dead, shot down by the cop! From Bougie, from Guelma, from the burnt south of Oran, On their beds of money, dope and madness, The colonels, their clowns, their servants and their timeserving policeman Intoxicated by the wine they force on the earth, Suffocated by the odour of the sweat of sacrifice, Pull back, chuckling, their hyena lips. The emperor of phosphate and the king of alfalfa See that people think of them behind the counters in Montrouge The same safe strangles our love, Mohamed from Setif and Jean from Saint-Denis. They kill an Algerian the better to be able to market France. This blood which makes the paving stones flame beneath the rain, Also feeds the neon lights of Broadway, Your ferocious fear of peace, incorrigible world, Submitted to the Dollar God, the colonial Moloch. The unemployed exiled by their hope of food, Carry, as a wound in their flesh, the chain of imperialism. They arrived deceived, became commodities; The cargo tossed in the chained foam, And the bones, under their eyes, stuck out like Atlas Under the exhausted earth their father scratches in vain. They arrived deceived, a hope dealer Buying for a hundred francs a handful of muscles, Had made their starved eyes reflect A Paris of white bread, a white shirt… The Mediterranean – dying – dragged them To the gangrenous quays of some thieves’ port. Sun on the rocks, turning, mineral whip, Star riding crop, unemployment, ignorance, Eclipse of blood of laughter of air – They fled from you but see how the nocturnal snow Takes hold of their unknown and exchanged hearts. The paving stones, in light disordered by mud Weigh down the night of the poor. My brother Skin of sunshine, Ahmed or you, Kadour, You launch in vain words woven of centuries Your phrase in which the Simoum raises the wing of the verbs. Drain grids, sheet metal of urinals; Everything becomes your prison, an official Pursues you everywhere, and you have only a cubic metre of air To be hungry at night, dreaming of the fountain Where your youngest child’s eaten eyes are mirrored Eaten by trachoma, Ahmed, or you Kadour, In the hotel room twenty naked men are piled up: Ten manoeuvres during the day, ten manoeuvres during the night. Beneath the groaning metro – mechanical comet – Casting on the canal pale handfuls of shadows, Stalingrad – Jean Jaurès is breathing strangely. Hocine assassinated, the police left… And long groups of men, speaking in low voices Go by, immense flags in their eyes. Ahmed and Mohamed are there – and thousands and thousands Of their brothers united for the best of France. Hocine didn’t die from a stray bullet! And Kadour from Sétif, and Jean-Louis from Saint-Denis, The starving, the reviled, the crushed, By hunger, by pain, by injustice, by opium Raise their great forehead where the lines depict Your faces, disfigured homelands! From the heavy lime of the Ganges to the sands of Agadir, And in Paris this evening, man brings forth the dawn Of the banks where the pillagers had imprisoned him. The Stock Exchange falls, and the madness of the executioner rises, When he feels unfurling on his stone temples A million bare feet which break their fetters, A million eyes ripened in the sun, Eyes fixed on the struggle of the Chinese spring Where a huge chrysanthemum grows: happiness! Alain Guérin
On les tue par le feu, l’eau, l’électricité Eux qui vécurent loin des sources Et rêvant d’eau toute leur vie Eux qui grelottaient, sans charbon Au soleil glacé du Mouloud. Eux qui veillaient sans lumière Au fond d’un bidonville obscur. La première fois qu’il vit De près Une baignoire Fut le dernier jour de sa vie. Madeleine Riffaud
They kill them with fire, water, electricity Those who lived far from springs Dreaming of water all their life Those who shivered, without coal In Mouloud’s frozen sun. Those who lay awake in the dark Buried in a gloomy slum. The first time he saw A bath Close up Was the last day of his life. Madeleine Riffaud
Ses cheveux sont frisés Il rêve à l’Algérie Il fait un carton dans un tir du boulevard Il s’arrête un instant dans une brasserie A moins qu’il ne se soit assis dans un Milk-Bar Pour rouler dans ses doigts la rancune du gris Ou bien c’est la kermesse et sa tête de laine S’appuie à l’appareil qu’il écoute debout Il a pour la musique un attrait de phalène Pour lui cette chanson semble être un rendez-vous Ce qu’il aime cet air qui dit Plaine ma plaine Et dans ses yeux mi-clos se lèvent des palmiers Le petit âne a la couleur de la colline Ma mère avait les yeux plus noirs que les ramiers L’eau petitement coule où la tuile l’incline Mon enfance revient dans ses pas coutumiers Plaine ma plaine où toute lumière est si vive Qu’elle brûle son ombre étroite à l’olivier Et la vie a le goût et le feu de l’olive Ô fellahs c’est ce paysage où vous viviez En ces temps sans expédition punitive Plaine ma plaine où le nuage est un passant Plaine sans pluie un jour où tomba la colère Et depuis ce jour-là dans le village absent Monte l’odeur du chaume et des chairs qui brûlèrent Et la terre altérée appelle un autre sang Aragon
His hair is curly He dreams of Algeria He shoots a little target in the boulevard’s gallery He stops a moment in a brasserie Unless he’s sitting in a Milk-Bar To roll between his fingers the bitterness of tobacco Or it’s the village fete and his woolly head Leans on the phone he listens to standing up He’s drawn to music like a moth to a flame For him this song is like a meeting place How he loves this tune which says Country my country And in his half-closed eyes palm trees rise up The little donkey the same colour as the hill My mother had eyes as dark as a ring-dove’s Water runs in rivulets where the tile slopes My childhood returns to its usual round Country my country where all light is so bright It burns the narrow shadow of the olive tree And life has the taste and the fire of the olive Oh fellaheen this is the landscape where you lived In those times without punitive expeditions Country my country where the cloud is a passer-by Country without rain where one day anger landed And since that day in the absent village Rises the odour of thatch and flesh that burnt And the altered earth calls for another blood Aragon
Les rues pleurèrent leur misère C’était un soir comme autrefois Nous aurions voulu le bonheur On nous déguisa en soldat C’était si peu de nous donner La paix dans les bouquets de fleurs Dans les yeux dans les fremmes sereines Ils nous offrirent des décombres Et la mort à pleines brassées Nos tout puissants ministres de la peur Nos anciens guerriers nostalgiques Désiraient que nous devinissions Des tueurs et des tortionnaires Contre les peuples opprimés Qui désiraient leur liberté Nous ne sommes pas des guerriers Et pour l’amitié des chevaux Le sourire des enfants pâles Dans leurs écoles de plein vent Pour les larmes des femmes mères Pour le pain et le soleil Pour que les rues puissant renaître Derrière leurs façades noires Nous risquons de vouloir la paix Contre la loi des assassins L’amour est traqué sur la Terre Pourtant ton corps vaut bien qu’on vive Et je chemine vers ma gloire Dans le secret de tes genoux. Maurice Cury
The streets cry their misery It was an evening like in the old days We would have liked to be happy They disguised us as soldiers It didn’t come to much to give us Peace in bouquets of flowers In the eyes of serene women They offered us debris And armfuls of death Our all-powerful ministers of fear Our nostalgic ex-warriors Wanted us to become Killers and torturers Against oppressed people Who wanted their freedom We aren’t warriors And for the friendship of horses The smile of pale children In their open-air schools For the tears of mothers For bread and sunshine So that the streets could be reborn Behind their black facades We risk wanting peace Against the law of the assassins Love is stalked across the earth All the same your body makes life worth living And I make my way towards my glory In the secret of your knees. Maurice Cury
Le paysage ici soulève à bout de bras Jusqu’aux confins du ciel Des montagnes de roc des rochers de soleil Assise là tout près silencieuse Leïla d’aube en aube obstinément trieuse De graines Leïla veille écoutant couler Contre son coeur le sablier de la souffrance Le sombre des buissons là-bas frissonne Quelque chose a bougé une forme s’avance Il vient de loin et c’est un homme N’en doutez pas Il vient comme un berger du fond des âges Il fait un pas et puis un pas Après un autre comme s’il dénouait Maille après maille quelque chaîne Sur cette terre Et c’est sa terre C’est la sienne Quand il aura passé ce terrain de pierraille Quand il sera devant Qu’on le verra soudain plus grand Que les montagnes dont il descend Quand il aura souri dans les yeux clairs de Leïla Il sourira elle sourira N’en doutez pas Alors il n’y aura plus d’ombre en Algérie Que celle du soleil et c’est une ombre amie Sa terre le fait naître Son pas le fait grandir Déjà et pour toujours Il marche sur sa terre Déjà N’en doutez pas. Jacques Gaucheron
The landscape here rises at arm’s length To the sky’s limits Mountains of rock rocks of sun Sitting here close by silent Leïla from dawn to dawn obstinate sifter Of grain Leïla watches listening to the flow Against her heart of the egg-timer of suffering Over there the shadows of the bushes shiver Something has moved a form comes forward It comes from far away and it’s a man Have no doubt He comes like a shepherd from the depth of the ages He takes a step and then one step After another as if he were unpicking Link by link some chain On this earth And it’s her earth It’s hers When he’s passed over this stony terrain When he’s before her When he will suddenly look bigger Than the mountains he came down from When he smiles into the Leïla’s clear eyes He will smile she will smile Have no doubt Then there will be no more shadows in Algeria Other than the sun’s and that’s a friendly shadow Her earth gives birth to him Her step makes him grow Already and for always He walks on the earth Already Have no doubt Jacques Gaucheron